Adel Mzab - Le chanteur venu du M'Zab - Adel Mzab

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Catégorie: Mon parcours
Le chanteur venu du M’Zab

Au milieu d’un plateau de rocaille grise traversé par l’Oued M’Zab qui donna son nom à la région, des hommes farouchement attachés à leur passé et à leurs convictions religieuses, pour lesquelles ils choisirent l’exil en Afrique du Nord de Tahert à Sedrata. Ils vinrent s’installer dans la chebka du M’zab, un désert de cailloux propre à décourager tout agresseur éventuel. Ils y ont fait pousser des palmeraies et y ont construit la splendide pentapole que l’on connaît : El Ateuf, Malika, Bounoura, Beni Isguen et Ghardaia, puis plus tard et plus loin Berriane et Guerrara. Des hommes qui sont passés, maîtres dans l’art du négoce, qui préservent  jalousement l’intégralité de leur communauté, et dont le rigorisme est passé dans la légende.

Telle est située géographiquement l’origine de notre portrait de la semaine; Omar Bennacer, plus connu sous son nom d’artiste Adel. Plutôt petit, les traits encore juvéniles ne trahissent aucunement la quarantaine déjà dépassée, Adel est enseignant d’arabe depuis des lustres. La musique, c’est son dada. Né à Berriane, la dernière ville construite dans la vallée du Mzab, il s’installe à Alger de 1959 à 1970. C’est là qu’il rencontre Abdelkrim Lahbib son initiateur et maître en musique. Il lui apprend à chanter et à jouer du luth. Déjà, il s’adonnait à la poésie en arabe. Il commence son apprentissage en imitant Jamoussi, Farid El Atrache et les mouachahates.

Puis, le mal du pays, et nécessité oblige, il retourne au bercail. Mais là, chanter n’est plus du tout aussi évident, surtout si l’on s’accompagne d’instruments. La tradition ne tolère que les chants religieux vocaux. Donc plus de représentations publiques pour Adel, il change de tactique, travaille à l’ombre et continue d’écrire en puisant ses thèmes dans le terroir. Il reprend des vieux airs traditionnels qu’il réadapte, comme Anouji: la cérémonie qui célèbre la naissance des enfants mâles, Amzour: la circoncision, Youribed que l’on chantait à la veille de l’Aid Seghir en guettant l’apparition de la lune, ou Takhbecht: chanson des femmes durant le travail de la laine. De cette manière, il prend en charge l’héritage culturel traditionnel ce qui fait plaisir aux vieux, qui retrouvent leurs souvenirs, et aux jeunes qui découvrent parfois des choses qu’ils ne connaissaient pas. Le tout se transmet en douce sur cassettes que ses amis enregistrent lors de rencontres amicales.

En 1976, il sort son premier 45 tours à Alger, et deux ans après, il passe à la chaîne II. Ce qui contribue à faire connaître la chanson du M’zab en dehors des lieux qui l’ont vu naître. Parallèlement, il s’intéresse au Kabyle (entre le M’zabi et le Kabyle, il existe des racines, des termes qui se recoupent ou se ressemblent, comme par exemple « tanemirt: merci » ou « traoussa ») raconte Adel. J’ai écrit aussi des chansons pour enfants, en arabe…

S’il y a une chose qui lui tient particulièrement à cœur, c’est l’animation culturelle dans les écoles, mais ce vœux restera  malheureusement lettre morte: « ça n’a jamais été possible, vu les conditions ». Dommage pour le pédagogue intra-muros. Alors il se rattrape à l’extérieur de l’école; il fonde avec quelques jeunes un groupe de musique: « Ithren ». Ensemble, ils reprennent certains de ses titres. Adel est devenu par la force des choses un chanteur reconnu, l’ambassadeur culturel du M’zab partout où il se produit, ici comme à l’étranger. Aujourd’hui, beaucoup de M’zabi reconnaissent qu’il a beaucoup fait pour faire connaître la culture de sa région, même ceux qui, au début, voyaient en lui le transfuge. Il compose pour le documentaire de Hasourli sur le M’zab: « Vie et Histoire », en novembre de l’année dernière il passe à la télévision dans une émission de Bendedouche. Aujourd’hui, s’il est content de son travail, il sait pertinemment qu’il peut encore mieux faire. Et il ne manque pas de projets, même s’il rechigne à nous les dévoiler .      

A. Alouache
ALGERIE ACTUALITE. N° 1084- Semaine du 26/30-07/1986

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